ANTHOLOGIE

Îlots: Bonjour! (également relié aux ilots Aleas, Bruits, Corps, Utopie)
Glossaire: Action painting, Art Informel, Bande magnétique (manipulation), Bruitisme (génère du bruit pur / inclus les micro-sons amplifiés), Indétermination, Installation sonore / Sculpture sonore, Instant music / improvisation libre, Instruments de musique préparés / modifiés, Instruments détournés / Matériel détourné, Live electronics, Manipulation d’objets, Musique acoustique, Musique électro-acoustique, Nouvelle lutherie, Pionniers, Sons parasites, Stridence, Travail sur la voix

Les années 1960 britanniques sont indissociablement liées à la fameuse British Invasion, ce mouvement de groupes pop qui ont réussi à franchir les frontières de leur pays et s’imposer partout dans le monde. Nettement moins visible, mais tout aussi influente, une communauté d’artistes fascinés par le free jazz afro-américain, les théories de John Cage et le sérialisme européen se met en place et bouscule les valeurs d’un milieu musical « anglais » conservateur. Ces iconoclastes n’hésitent pas à utiliser des instruments non conventionnels, issus d’un contexte rock ou traditionnel, se lancent sans filet dans l’aventure de l’improvisation, font du bruit et de l’accident leur matériau de travail.

David Toop, le programmateur de Not Necessarily « English Music », est un des témoins et acteurs majeurs de cette période de révolution sonore. Journaliste, il a sans cesse œuvré afin de mettre en avant des créations singulières, notamment par le biais de son superbe essai Ocean of Sound ou de la présentation de ses disques favoris sur le DVD I never promised you a rose garden (OME). Musicien, il a collaboré avec plusieurs vétérans des musiques expérimentales anglaises tels qu’Evan Parker ou Max Eastley et a fait appel pour ses projets récents à certains des frondeurs les plus essentiels du moment, comme Rafael Toral, Rhodri Davies et Kaffe Matthews.

La compilation présente sur deux CD un aperçu large, à défaut d’être exhaustif, des productions les plus significatives de l’époque. Pour la plupart, il s’agit de morceaux inédits, parfois sortis des propres archives de David Toop. On y entend Amm et People Band, des groupes pionniers de l’improvisation libre, la guitare pointilliste et racée de Derek Bailey, un duo impressionnant de justesse entre le saxophoniste Evan Parker et le percussionniste Paul Lytton… Une des plus belles plages nous laisse découvrir les flûtes de Max Eastley jouées uniquement par le vent, ici accompagnées par des chants d’oiseaux. Dernier exemple qui démontre la diversité de l’ensemble, Miserere par le Campiello Band (fondé par Michael Nyman – autre figure clé de l’époque) est une adaptation peut-être un peu scolaire de Verdi. Autant d’exemples qui démontrent, comme le souhaite David Toop, que la musique insulaire a réussi à sortir de son carcan pour s’ouvrir à ce qui n’est pas « nécessairement anglais ». (Alexandre Galand)

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